Catharsis [BG Xelane]

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Catharsis [BG Xelane]

Message par Xelane » mer. avr. 04, 2018 6:15 pm

Jour de l'abeille.

Où est passée l’ataraxie, celle qui s’écoule comme la nuée d’ombres perdues dans le puits des âmes de mon enfance?

Installée dans la pénombre, je cherche encore des réponses. Les songes recèlent-ils une partie de nos cauchemars ? Car c’est quand on acquiert quelque chose que l’on craint de le perdre, et quand on ne l’a pas, on se tourmente pour trouver la force de l’effleurer du bout des doigts. Ce monde tourne alors que parfois je souhaite si fort que tout s’arrête, pour une seconde d’éternité.

Je me surprends à reconquérir un espoir que je pensais à jamais éteint. Et souvent, en un souffle, il revient me ronger pour me rappeler le souvenir d’une douleur que je pensais enfouie. C’est comme si le cœur et l’esprit s’alliaient contre moi, leur porteuse.

Parfois, surtout ne le dit à personne, les larmes perlent jusqu’à mon cou, formant un collier précieux que je garde jalousement et qu’il ne faut montrer. Il faut apprendre à garder les choses pour soi, même si l’on sait sur qui compter dans les moments les plus douloureux. C’est à ce moment que ce sentiment de solitude se fait le plus sentir au final : quand on sait les personnes à l’écoute mais qu’on n’arrive à puiser dans leurs yeux une échappatoire, vers un nouvel « Ailleurs ».

On m’a dit un jour que la solitude est infinie, et que c’est la raison pour laquelle on ne lui connait aucun allié. Son antinomie, appelons là « Éternité », arrive en revanche à bien duper ceux qui courent après. Peut-on alors conclure que les personnes loyales demeurent seules ?

Depuis que je me rends ici en terres d'Orient, j’ai la sensation que mes interrogations commencent à trouver les réponses aux questions que je me pose.

J’ai rencontré de nouveaux frères et sœurs. Une motivation, ou plutôt un espoir à cette course contre « L’Inéluctable Dénouement ». Je m’y rends le plus possible pour échanger.
J’ai bon espoir, dans ma mélancolie, que nos idées soient similaires, car à la fin de ces échanges, lorsque je regarde la muette astérie, j’ai la sensation qu’elle esquisse un large sourire emprunte d’approbation, m’encourageant à ne pas baisser les bras.

Ils, sans très certainement le savoir, m’apprennent beaucoup. Ils s’évertuent à songer à un avenir meilleur pour le Cénacle, pour la Cité Orientale. Ils ne font pas de distinction et posent rarement de questions. Comment font-ils pour être calmes alors que notre position implique probablement beaucoup de tensions ?

Il n’est pas simple de mettre de côté ce que l'on est réellement pour se soumettre, à risques, à ce que l’on considère le plus. Ce dont la satisfaction est le but qu’il faut atteindre par-dessus tout. En dépit des sacrifices, en dépit même de notre propre raison.

Mais lorsque l’on y parvient, la complaisance, élan qui nous pousse vers l’avant, nous rappelle pourquoi tout a commencé. Ce sentiment est puissant et une forme d'aura nous guide et nous guidera, jusqu’à ce qu’elle décide de nous révoquer dans les abîmes.

Prémisses d’un idéal, à conserver précieusement et puisqu’il m’est impossible pour l’heure de trouver mon Infini, je me confie à toi, journal d’Éternité pour conserver ces pages, ma catharsis.
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Re: Catharsis [BG Xelane]

Message par Xelane » mar. août 14, 2018 9:21 am

Jour de la myrte

...Vouloir oublier, c'est penser tout le temps...



L'air est frais, les lumières changeantes, les couleurs insaisissables. Je m'assied sur mon fauteuil. Le sombre me fait face, tête baissée, prêt à jouer. Lui d'habitude si inexpressif, je le trouve alors changé, serein malgré la fatigue qu'il a accumulé lui aussi.

Je ferme aussi les yeux et j'assimile.

Avant qu'il n'entame les premières notes, je me demande si j'allais aimer cette mélodie , et si après son écoute, j'aimerais toujours l'aiguail de l'aurore, les marais de chez nous, les feuilles mortes, les odeurs mélangées à la terre, les couleurs sombres et lumineuses. C'est comme si je voyais tout cela à travers elle, comme si la mélodie était mon miroir.

Ces réflexions soulèvent en moi une inquiétude stagnante. Mon visage se ferme perceptiblement alors que les notes volent sur l'orgue.

J'inspire... J'expire...

Puis alors les notes manquantes galopent. Et cette note oubliée, cette note dominante qu'il me manquait vient transpercer mon âme, imposant un silence respectueux de ma part. Je me laisse inviter par la beauté de la musique ainsi dévoilée, sa puissance presque animale. Un frisson excite ma peau. Des larmes montent doucement et mouillent mes yeux, tout semble ralenti. Les notes s'agitent lentement, peignant la chambre d'ombres et de souvenirs. Elles se déforment, se courbent, s'entrelacent. C'est peut-être finalement cela qui trouble mes yeux. Tout s'assombrit progressivement. Tout ce décor n'est plus qu'une estampe, figée pour l'éternité.

Et je danse, et je virevolte, et je ris, nerveusement, comme possédée par la musique.

Puis la mélodie s’achève, je tombe au sol, les jambes lourdes. Tête baissée, je ris encore. Il m'observe, silencieux. Je me relève. Je m'approche de lui et je m'incline. Malgré un visage serein et reposé, la douleur est vive intérieurement, mais je peux à présent dire que je suis soulagée. Une sensation si longtemps enfouies. Je savais à nouveau ce qu'elle représentait.

Je le remerciais. Tout simplement.

***
Je suis fatiguée ce soir. Fatiguée comme je n'avais pas été depuis longtemps, et curieusement, je n'ose fermer les yeux. Je peine à me remettre de ce moment et j'ai peur, peur qu'il m'échappe de nouveau.

J'ai besoin de prendre l'air. Je sors du manoir, tâchant d'être la plus discrète possible.

L'air est frais. Il fait encore nuit, c'est le moment le plus calme de la journée. J'erre sur les pavés de la cité, jusqu'au parc. J'ai le cœur serré, les yeux irrités, la gorge brûlante. Ai-je crié ? Mon hurlement a-t-il traversé les murs ?

***
Alors je pensais, « Combien de gorges ont hurlé cette nuit leurs regrets ? Combien de hurle-sorts ont essayé de transpercer les murs ? Combien hurleront encore la nuit prochaine comme pour admettre leur culpabilité ? »

Je me souviens avoir traversé dans la journée tellement de visages empreints de tristesse, tellement d'âmes voletantes dans ces rues désertes et au sanctuaire. Mais j'étais moi-même recluse dans ma solitude alors comment aurais-je pu y prêter attention ? Je pense avoir bien fait de tendre la main vers ce sombre. Car aujourd'hui rien n'est plus pareil.

Je décidais alors de reposer ma voix et me consacrer un long moment sur les prières de Mère. Tout allait changer bientôt.
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Re: Catharsis [BG Xelane]

Message par Xelane » sam. sept. 29, 2018 8:37 am

Jour de l’amarante.

Une nouvelle cantate, celle-ci paraitra bien caustique mais le sujet me tenait à cœur tant la nécrose des morales est avancée et qu’ils sont rares, ceux qui osent s’envelopper de la peur et des risques jusqu’à la déraison.

Depuis plusieurs mois maintenant, je me réveille dans ce monde nouveau pour moi, où des graciens tentent d’imposer leur commandement, profitant de nos propres failles pour s’y abîmer. Ici c'est bel et bien une nouvelle ère, avec des règles où l’altération des lacunes est intolérable. C’est effrayant et fascinant à a fois. Ici, le mensonge flotte chaque jour, c’est une sorte d’imbroglio qui atteint jusqu’à nos propres viscères.

C’est amusant, les gens ne cohabitent pas avec les regrets, ils les ignorent pensant qu’il s’agit là de la seule solution pour demeurer droit. « Ce qu’on ne voit pas n’existe pas », pourraient-ils dire. Pourtant je sais moi-même que l’invisible est réel puisque les âmes ont leur propre monde. Ces mêmes gens s’offusquent et se battent pour des histoires secondaires, plus du tout pour l’honneur.

Ont-ils conscience que la vie ne nous appartient pas ? La vie matérielle est comme l’océan des limbes de Shilen, nous devons y évoluer. Bien trop ici barbotent en difficulté, bien plus encore s’y noient lamentablement. Ils gâchent, dans leur manque de sagacité, le plus merveilleux moyen de connaître LE frisson. Je les vois usés par la fatigue morale de détenir une chose qu’ils refusent ou pour laquelle ils ne portent aucune considération par manque de clairvoyance, par terreur… A moins qu’il ne s’agit tout bonnement de crédulité...
Modifié en dernier par Xelane le sam. juin 08, 2019 2:12 pm, modifié 1 fois.
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Re: Catharsis [BG Xelane]

Message par Xelane » sam. juin 08, 2019 2:12 pm

Jour de la fourche.

Après avoir laissé les Rouages, quelques Hommes me suivirent. Je ne parlais pas de mes épreuves, mes plus fidèles n’avaient pas posé de questions. Ils étaient là, c’est tout ce qui comptait finalement.

C’est naturellement que je les menais en sécurité au Belvédère que nous avions investis discrètement auparavant.
D’autres, des shinobis, furent dépêchés au Hameau pour garder un œil sur les activités de ce qu’il restait de l’Orientale. Sous les vents glaciaux de notre abri, j’écoutais leurs rapports chaque jour… Mais aussi, j’attendais les nouvelles de promesses qui, je le savais pertinemment, ne seraient pas tenues.

J’espérais aussi Litanie, j’avais essayé de la joindre dans de vains efforts. Je la savais en vie, c’est ce qui me fit tenir lorsque mon cœur a cessé de battre, et à maintes autres reprises d’ailleurs.

Du haut de ce promontoire, le vent siffle toujours ses notes de mélancolie. Alors je me suis abandonnée. Ce jour-là, j’observais le panorama qui s’offrait à moi, mes mains brulées par le froid glacial plongèrent dans les poches de ma cape chaude et rassurante; elles y croisèrent ce bout de papier que j’avais oublié…

La carte du Songe ? Pourquoi pas après tout. Je l’inspectais avec un certain amusement, me remémorant quelques souvenirs. J’en empruntais quelques portails, curieuse.

Qu’il fait doux dans le silence du Songe d’Aurakia ! J’ai arpenté chaque portail plusieurs semaines durant sans y croiser tellement de monde, sans être inquiétée, libre en somme. Je m’évadais chaque jour, parfois à plusieurs reprises dans Son Eden que je m’appropriais parfois.

Chaque tourment était laissé au pied de ces portails, et, mon âme à l’abri, je devenais ivre de ces plongeons. Revenir me faisait souffrir mais je n’avais guère le choix : ce sceau qui m’avait été apposé me ramenait d’autant plus à ma réalité et me rappelait ce pourquoi j’avais été épargnée.

Ce rituel du quotidien n’était jamais perturbé… Jusqu’au soir ou de simples mots ont déchiré le voile de mon errance.

Le bel hasard.
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